« Nouvelles du Front », par Marine Tondelier

Marine Tondelier, secrétaire nationales des Ecologistes, partage son expérience d'élue de l'opposition à Hénin-Beaumont.

Dans ce livre très personnel, Marine Tondelier partage son expérience d’opposante au Front National dans sa ville : Hénin-Beaumont, en Hauts-de-France. Hénin-Beaumont fait partie des premières villes hors PACA qui ont été dirigées par le Front National. « Les Nouvelles du Front » paru en 2017, chez « Les liens qui libèrent » relate la vie politique dans une petite commune dirigée par le Front National, et qui pourrait présager des pratiques de gouvernance appliquées à une plus grande échelle si le Front National, aujourd’hui le Rassemblement National venait à remporter des élections nationales.

Il s’agit un livre assez court, plutôt bien écrit et agréable à lire. Après une préface réécrite suite aux élections législatives de 2024, et leur impasse, Marine Tondelier commence par planter le décor à décrire le contexte politique qui a permis au Front National de s’emparer de la ville d’Hénin-Beaumont en 2014, et notamment des habitants déçus des pratiques très contestables de l’ancien maire divers gauche Gérard Dalongeville.

Un des épisodes décrits par Marine Tondelier concerne la fête de la Sainte Barbe, un évènement majeur dans le bassin minier, et montre que l’Eglise et le Front national présentent des désaccords. On peut être surpris par cet épisode, puisque les Ecologistes apparaissent alors plus proches de l’Eglise que le Front national. Mais dans les deux cas, il semble que les partis ne soutiennent l’Eglise que lorsqu’elle approuve leurs positions.

Marine Tondelier s’intéresse aussi à certains symboles qui auraient disparus avec la mairie frontiste avec par exemple la suppression des drapeaux européens au fronton des édifices publics, mais aussi la présence, ou plutôt l’absence de l’équipe de la mairie à certaines commémorations. 

S’agissant de la vie associative, l’arrivée au pouvoir du Front National a créé des changements, certaines associations, les plus engagées, ont été expulsées, mais d’autres ont appris à composer, et la mairie d’Hénin-Baumont ne se priverait de mettre une certaine pression sur le secteur associatif selon Marine Tondelier.

En conclusion, Marine Tondelier insiste sur le fait que la réussite du Front National à Hénin-Baumont peut partiellement s’expliquer par le fait que les décisions difficiles, les sacrifices ont été faits par leurs prédécesseurs menés par Daniel Duquenne, élu en 2009. Elle avoue aussi que tous les habitants de Hénin-Baumont n’ont pas peur du Front National et sont satisfaits de leur maire.  

Marine Tondelier partage son expérience d’élue locale, de l’opposition, dans une ville dirigée par le Front National. Ses propos sont plutôt honnêtes et ne sont pas entièrement à charge, elle décrit les mauvaises pratiques de l’ancien maire de gauche Gérard Dalongeville (2001-2009) (condamné pour détournements de fonds publics en 2013), et on comprend que ce n’est pas tant le maire Steeve Briois qui l’inquiète (même si elle dénonce sa gouvernance) que son entourage dont elle décrit le comportement toxique.  Cependant, nous n’avons qu’un son de cloche. Marine Tondelier est dans son rôle lorsqu’elle critique l’équipe de la Mairie, mais il faut noter que Steeve Briois a été réélu en 2020 avec 74% des voix, malgré les pratiques du Front National, ce qui montre tout de même une certaine satisfaction des habitants.

Marine Tondelier est secrétaire nationale des Ecologistes et conseillère régionale des Hauts-de-France.